Le voyage de Charles Baudelaire : lisez le poème et apprenez son histoire
Dans la littérature poétique, le sujet du voyage est pour le peu classique. Toutefois lorsqu’on commence à découvrir le voyage de Baudelaire, l’on se rend compte qu’il n’est plus un sujet si évident. Riche de sens et de style d’énonciation, le voyage que propose Baudelaire appelle à la lecture et à l’apprentissage de son histoire. Ce n’est d’ailleurs pas anodin que l’auteur place ce poème en épilogue à son recueil.
Le voyage de Baudelaire : un poème à la structure particulière
Dernier poème du recueil intitulé »Les fleurs du mal », l’invitation au voyage de Charles Baudelaire est construite sur une structuration assez intéressante. Écrit en 1859, cette œuvre poétique sert à dénoncer le mal être de l’artiste qu’est le poète. A côté du spleen, l’auteur clame l’idéal amoureux et politique. L’amour qui est présenté par ce poète du XIXe siècle se remarque suffisamment quand il écrit (aimer à loisir – aimer et mourir). L’invitation au voyage est une main tendue pour un voyage exotique avec sa compagne, sa femme bien aimée. Le poème comprend :
- 3 strophes composées chacune de 14 vers
- 1 distique composé de 2 vers (considéré comme le refrain du texte et utilisé à trois reprises)
- Les vers du texte sont tous impaires. Une particularité assez rare en matière de poésie. Ils sont composés de 5 à 7 syllabes
- Les rimes sont parfois plates (sœur et douceur) parfois croisé (loisirs et mourir)
3 strophes évocateur
Le poème est structuré en 3 parties chacune consacrées à un message.
Le voyage exotique
Le premier est relatif à l’évocation d’un voyage exotique avec la femme aimé. Rappelons-le, Baudelaire est amoureux d’une femme métisse et souhaite un voyage à son image. Il propose le voyage en disant »songe à la douceur d’aller vivre là-bas ensemble ». Les points d’exclamation utilisés traduisent l’enthousiasme de vivre dans ce monde au soleil mouillé et si ciel brouillé. Pour boucler cette strophe, une série de mots attrayants dans le refrain »Là où tout n’est que charme et beauté, Luxe et volupté ». Ce voyage imaginaire qui se vit et se projette est décrit de l’intérieur, mais aussi de l’extérieur.
Un monde idéal vu de l’intérieur
Quant à la seconde strophe, elle décrit la description du monde idéal projeté avec une vue de l’intérieur. On n’y retrouve qu’une seule référence à sa bien aimée (notre chambre). Dans la présentation de la pièce, deux sens sont utilisés : celui visuel et celui olfactif. En ce qui concerne l’aspect visuel, le voyage de Baudelaire renvoie aux meubles luisants et polis, aux splendeurs orientales et au plafond riche. Ce cadre attrayant est aussi complété par les doux parfums d’espèces florales rares et ayant des senteurs esquisses. Dans les 5ᵉ et 6ᵉ vers se découvre la présentation des doux parfums de ces fleurs. Dans cette présentation l’ouïe n’est pas occultée, car un vers indique »tout parlerait à l’amant secret sa douce langue natale ».
Le monde idéal vu de l’extérieur
La dernière strophe fait la description de ce monde idéal avec une approche de vue de l’extérieur. La synesthésie qui est un style propre à Baudelaire va encore se retrouver ici. Le sens visuel est très présent. L’auteur dira par exemple »Vois sur ces canaux ; les soleils couchants revêtent les champs ; le monde s’endort dans une chaude lumière ». La présentation de ce beau monde est de nature à stimuler l’envie d’ailleurs et le goût de la découverte.
Trois strophes pour faire une présentation du voyage et pour laisser une invitation. Ce poème reste, malgré le temps, l’un des plus admiré pour sa richesse. Le voyage de Baudelaire est une invitation dans un monde où tout reste encore possible si on sort de la routine.
